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  • Déchets nucléaires : grosse panne pour le projet de stockage à Bure

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    Dans le sous-sol de Bure (Meuse), 80 000 m3 de déchets radioactifs devraient être stockés dans 15 km2 de galeries. Photo AFP

    Sale temps pour le projet d'enfouissement des déchets radioactifs à Bure (Meuse). Le bilan dressé le 12 février par la commission en charge du débat public sur la création d'un stockage géologique profond des déchets hautement radioactif, Cigeo, ressemble fort à un fiasco.

    Une mise en service industrielle initialement prévue pour 2025

    Le calendrier actuel de ce projet, fixé par une loi de 2006, prévoit une demande d'autorisation en 2015 de la part de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) en vue d'un décret d'autorisation en 2018 et une mise en service industrielle en 2025. Plutôt que de passer directement du laboratoire actuellement implanté à 500 mètres de profondeur à une exploitation industrielle, de nombreux acteurs jugent nécessaire de créer un prototype permettant de tester ce stockage. Un panel de dix-sept citoyens avait déjà plaidé le 3 février dernier pour une révision du calendrier.

    leyrit.jpgUn nouveau calendrier pour permettre plus de tests grandeur nature de ce projet très contesté

    "L'idée d'un nouveau jalonnement du projet, intégrant une étape de stockage pilote, constituerait une avancée significative", a estimé prudemment le président de la Commission nationale du débat public (CNDP), Christian Leyrit (photo ci-contre), en dressant le bilan d'un débat public agité qui s'est tenu entre le printemps 2013 et le début 2014. De nombreux experts ainsi que l'IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) "s'accordent pour considérer que le calendrier de déploiement du projet (...) est beaucoup trop tendu et que des preuves supplémentaires doivent être apportées sur la sécurité", a-t-il ajouté.

    Un "tombeau" pour les résidus radioactifs les plus dangereux

    Le projet de créer à Bure, à la limite de la Meuse et de la Haute-Marne, un "tombeau" pour les résidus radioactifs les plus dangereux est un sujet sensible. Il s'agit en effet de stocker dans les sous-sols,  pour des dizaines de milliers d'années, 10.000 m3 de déchets de "haute activité" (HA), principalement des résidus hautement radioactifs issus du traitement des combustibles usés, et 70.000 m3 de déchets de "moyenne activité à vie longue" (MA-VL). Soit quelque 3% du volume total des déchets radioactifs produits en France, qui concentrent à eux seuls plus de 99% de la radioactivité, et ce pour.... l'éternité. Rien de moins. On peut y réfléchir à deux fois.

    L'incontestable fiasco du débat public

    Le débat public en soi a rapidement tourné court sur le terrain, les opposants les plus virulents ayant fait avorter les deux premières réunions publiques. Le président de la CNDP l'a dépaysé sur internet avec neuf débats contradictoires en ligne et une conférence de citoyens. S'il assure que "le débat a bien eu lieu", Christian Leyrit plaide toutefois dans son bilan pour la nécessité d'une "expertise plus pluraliste" et juge "indispensable" une nouvelle évaluation des coûts du projet, qui avaient été évalués en 2005 entre 13,5 et 36 milliards d'euros. Plusieurs membres de la commission se désolidarisent en regrettant que tout n'ait pas été fait pour ramener les opposants dans le débat. Si la conférence des citoyens ne se dit pas hostile au projet, elle souhaite qu'il soit conditionné à des travaux complémentaire sur la sûreté sur une centaine d'années. En résumé, l'opposition au projet de Bure porte sur tout : le principe du stockage géologique, qualifié parfois de "crime", ses conditions techniques, sa sécurité, son financement, sa gouvernance...

    baupin.jpg"Conclusions de bon sens"

    Le député écologiste Denis Baupin salue des "conclusions de bon sens" et appelle le gouvernement à tenir compte des "très nombreuses incertitudes" du dossier, notamment sur les risques d'incendie ou encore les conditions qui rendront possible la reprise des "colis" de déchets nucléaires en cas de besoin. "Les questions à ce jour sans réponse ne sont pas anodines", notamment le volume précis de déchets qu'il faudra stocker, a confirmé de son côté le député PS Jean-Paul Chanteguet, président de la commission du développement durable à l'Assemblée. .

    "Surdité totale"

    La coordination BureStop, qui avait appelé à boycotter le débat, dénonce, pour sa part, un "rapport empreint de surdité totale qui ne reflète pas les rapports de force". Le réseau Sortir du nucléaire n'hésite pas à parler de "mascarade", estimant que "les annonces de report de calendrier sont de nouvelles manoeuvres pour gagner du temps". Pour les deux associations, une seule solution: pour ne pas avoir à les enfouir, il faut arrêter de produire les déchets radioactifs, en sortant du nucléairePhilippe Martin, le ministre de l'Ecologie ne s'est pour sa part pas prononcé, attendant prudemment les réponses de l'Andra et les avis et observations qu'il compte demander à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et aux producteurs de déchets.

    epr flamanville.jpgEst-ce bien raisonnable ?

    Bure, ce n'est donc pas demain la veille et le problème de la gestion des déchets nucléaires reste entier et insoluble pour la filière. Des investigations géologiques viennent pourtant de s'achever dans l'Aube pour créer un nouveau centre. Alors que le démantèlement des premiers réacteurs bute, entre autres, sur la gestion du stockage de leurs déchets, de son côté, EDF annonce la construction "inévitable" de nouvelles centrales. Alors même que la France déclare vouloir diminuer la part de l'atome de 25% dans son bouquet énergétique, il se dit que l'exécutif envisagerait de remplacer les vieilles centrales par des EPR.

    Sachant que la construction du premier EPR français (photo ci-dessus), commencé à Flamanville (Manche) en 2007, a pris quatre ans de retard, et que sa facture devrait atteindre au moins 8,5 milliards d'euros, soit deux fois et demie le coût initial, on est en droit de se poser la question: voyons, tout cela est-il bien raisonnable?

    Cathy Lafon

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  • Convois de déchets nucléaires : le maire de Drancy saisit la justice

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    Un wagon transportant des déchets nucléaires. Photo archives AFP

    Deux cents personnes ont défilé samedi dernier pour demander l'arrêt des convois de matières radioactives, après le déraillement d'un train qui acheminait un wagon de déchets nucléaires le 23 décembre à la gare de triage de Drancy (Seine-Saint-Denis). Les élus saisissent la justice.

    Toxiques wagons

    Voilà des mois qu'habitants et élus alertent sur la dangerosité des produits ultra toxiques et polluants(acide nitrique et chlorhydrique, déchets nucléaires) transportés aux portes de Paris. A la gare de triage de Drancy, longue de 3 km, à cheval sur trois communes (Drancy, Le Blanc-Mesnil et Le Bourget), transitent en effet chaque année près de 250.000 wagons de marchandises, dont 13.000 chargés de matières dangereuses. Et le déraillement d'un wagon de déchets nucléaires en route vers l'usine de retraitement d'Areva à la Hague (Cottentin), le 23 décembre dernier, a fourni la preuve que ces convois pouvaient bien mettre en péril la sécurité des habitants de trois communes. Si l'incident n'a pas provoqué de fuite radioactive, l'Autorité de sûreté du nucléaire (ASN) a toutefois relevé des traces de radioactivité ("point de contamination"), à l'intérieur du wagon endommagé vide.

    deraillement,train,déchets nucléaires,areva,edf,manifestation"Les convois, on n'en veut pas"

    Les réactions ne se sont pas faites attendre. Les riverains ont défilé samedi 11 janvier, à 10 h, en scandant: "Les convois, on n'en veut pas", "Areva arrête ça". Partie de l'Hôtel de Ville de Blanc-Mesnil, la manifestation, accompagnée d'une fanfare jusqu'à la gare de Drancy, s'est déroulée dans une ambiance familiale, en réponse à l'appel du Corigat, collectif de riverains de la gare de triage de Drancy, du Bourget et du Blanc Mesnil. A leurs côtés, des élus des Verts, du PCF, du Front de gauche et du PS, ainsi que des membres de Greenpeace et du réseau Sortir du nucléaire, qui exige "l'arrêt immédiat des transports de matière nucléaire". Quant au groupe des élus écologistes au Parlement, il a interpellé le ministre de l'Ecologie, Philippe Martin, en dénonçant "l"incident de trop".

    deraillement,train,déchets nucléaires,areva,edf,manifestationLes maires saisissent la justice

    Les élus locaux sont aussi très remontés, toutes tendances confondues. "Cette grande mobilisation fait suite à des incidents sérieux. On a franchi un cap, la coupe est pleine", a déclaré à l'AFP Didier Mignot, maire (PCF) de Blanc-Mesnil qui participait à la manifestation. L'élu, qui a saisi la justice par voie de référé, dénonce les lacunes des expertises sur la gare et demande que de nouvelles études soient lancées. Jean-Christophe Lagarde (UDI) (photo ci-dessus), maire de la commune voisine de Drancy, a déposé le 13 janvier une plainte contre l'Etat pour mise en danger de la vie d'autrui.

    EDF et AREVA veulent rassurer

    Areva gère chaque année plus de 6.000 opérations de transports de matière radioactive, par voie maritime, ferroviaire ou routier, sans accident radioactif majeur imputable au transport par train, fait valoir la section transports du groupe. Et pour EDF, "le train est le moyen le plus adapté pour transporter ces déchets", comme l'a indiqué à l'AFP Jacques Séguy, directeur adjoint de la division combustible nucléaire à EDF. Une enquête est en cours et le gouvernement a dores et déjà annoncé par la voix de son ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, la mise en place d'un comité d'informations.

    Pour Alain Ramos, président du Corigat, "le mouvement commence à prendre, ça veut dire qu'il faut continuer". "Depuis des années, nous, riverains, nous demandons l'arrêt des wagons transportant des matières dangereuses pour vivre en sécurité", a-t-il précisé à l'AFP. Le collectif Corigat a prévu d'organiser une manifestation par mois jusqu'en juin. Prochain rendez-vous : "la première quinzaine de février".

    Cathy Lafon avec AFP

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    Convois nucléaires, comment ça marche ?

    • Acheminé depuis la centrale, le combustible usé est transporté par voie ferré jusqu'à la gare ferroviaire de Vaolognes (Manche), puis par camions, pour couvrir les 40 derniers kilomètres de la gare jusqu'à l'usine de retraitement Areva de la Hague.
    • L'emballage de transport des déchets est conditionné dans une coque métallique grise (canopy). Chaque emballage (100 t à vide) contient 12 assemblages de crayons de combustibles usés. Un crayon est constitué de 5% de déchets, 1% de plutonium et 84% d'uranium.

    LE SITE DE L'ASN : cliquer ICI

  • Nucléaire : records de radioactivité à La Hague et à Fukushima

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    L’usine de retraitement des déchets nucléaires à la Hague (Nord-Cotentin)

    [Article modifié le 11 juillet 2013 suite au rectificatif de l'ACRO à propos de l'interview de David Boilley.]

    L'info a été révélée par "Le Parisien", le 6 juillet : les derniers relevés réalisés près du centre de stockage radioactifs de la Manche font état d'une forte présence de tritium. En  plein débat pour la la création d'un nouveau site d'enfouissement de l'ANDRA à Bure (Meuse), ça fait tache. Pendant ce temps-là, à Fukushima,  on constate un niveau toujours plus élevé de radioactivité dans l'eau souterraine.

    Quatre fois plus que la moyenne de ces dix dernières années

    Un taux de tritium record (l'hydrogène radioactif émis par l'industrie nucléaire)a été relevé en octobre dernier par les bénévoles de l'Association pour le contrôle de la radioactivité de l'Ouest (Acro). Si les deux relevés suivants ont fait état de résultats plus faibles, l'inquiétude demeure dans les environs. "Le tritium, c'est de l'hydrogène radioactif très rare à l'état naturel", explique dans "Le Parisien" Pierre Paris, vice-président de l'association, dont le laboratoire est agréé par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). "D'habitude, le taux ne dépasse pas 0,5 becquerel par litre (bq/l). Là, on était à plus de 110 bq/l, soit encore quatre fois plus que la moyenne relevée les dix dernières années dans la baie! ", s'exclame-t-il.

    La faute à qui ?

    La faute à l'usine d'Areva de la Hague,selon l'Arco. Situé à quelques kilomètres, le site retraite le combustible utilisé par les 58 réacteurs français. Le processus produit lui-même des déchets, dont une partie est déversée directement en mer. "Le pipeline débouche au nez de Jobourg, à 4 km de là, reprend le bénévole, où passe le raz Blanchard, l'un des courants les plus puissants d'Europe. Ça leur sert tout simplement de chasse d'eau!"

    déchets nucléaires arte.jpgL'océan : une grosse poubelle radioactive

    L'annonce des relevés de l'Acro a fait grand bruit dans le Cotentin, qui est sans doute l'endroit le plus nucléarisé au monde. Outre Areva, on y trouve également le premier site de stockage de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), le futur réacteur EPR de Flamanville (si tant est qu'il entre un jour en service) et l'arsenal de Cherbourg des sous-marins à propulsion atomique. Sans oublier les milliers de tonnes de déchets radioactifs balancés dans la mer pas loin des côtes jusque dans les années soixante dix et quatre vingt. Si les Français ont préféré se débarrasser de 14.000 fûts dans l'Atlantique à la fin des années soixante (comme l'indique le dernier inventaire national de l'Andra, publié en mars), Pierre Paris ajoute que "les Anglais n'ont pas hésité, eux, jusqu'en 1982, à jeter leurs fûts par-dessus bord dans la fosse des Casquets, à 15 km au nord-ouest de chez nous. " "Centrales nucléaires, démantèlement impossible",  le documentaire de Bernard Nicolas diffusé sur Arte le 21 mai dernier, l'a mis en évidence : on a tendance à l'oublier, mais, rongés par la rouille, les contenants de tous ces déchets nucléaires jetés à l'océan reposent aujourd'hui encore à quelques dizaines de mètres de profondeur et se détériorent au fond de la mer...

    "Le site fuit comme une passoire"

    Les équipes de l'Acro, mais aussi d'autres associations, comme Greenpeace, surveillent également l'intérieur des terres, notamment autour de l'Andra, où les éleveurs font paître leurs troupeaux. "Le site fuit comme une passoire", s'inquiète aussi dans "Le Parisien" un habitant d'un village en contrebas. "Dans le ruisseau du Grand Bel, qui passe directement dans mon jardin, on a trouvé jusqu'à 500 bq/l! Les responsables nous assurent que l'eau est potable, mais on préfère acheter des bouteilles."

    radioactivité,centrale,la hague,cotentin,record,fukushima,retraitement,usine,dechets nucleaires,accidentLa passoire de Fukushima de plus en plus radioactive

    Pendant ce temps là, de l'autre côté de la  Terre, l'opérateur de la centrale accidentée de Fukushima a mesuré vendredi 5 juillet un niveau extrêmement élevé d'éléments radioactifs dans l'eau souterraine accumulée au pied des réacteurs, dans un nouveau puits près de l'océan Pacifique. Tokyo Electric Power (Tepco), a mesuré 900.000 becquerels par litre pour les éléments radioactifs produisant des rayons bêta, comme le strontium 90, dans le liquide extrait vendredi d'un point de prélèvement supplémentaire situé entre les réacteurs et la mer.

    Ce niveau, de plusieurs dizaines de milliers de fois supérieur à la dose limite admise pour de l'eau de mer est aussi, et de loin, le plus élevé jamais mesuré depuis que Tepco a renforcé les contrôles, après avoir découvert de l'eau souterraine hautement radioactive au pied des réacteurs du côté de l'océan Pacifique. A Fukushima, tout est sous contrôle et tout va bien !

    Une petite baignade, pour se rafraîchir, ça vous dit ?

    Cathy Lafon

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